Ses voisines, traditionnelles, détonnent un peu dans le paysage, quand bien même elles sont majoritaires, mais peut-être trop sages ; preuve d’une réussite de réalisation et d’intégration pour cette maison que tout différencie dans la région.
Prise en flagrant délit de contemporanéité par son aluminium éloxé (anodisé), bien cernée par des murs extérieurs en pierres sèches de la région, la porte grand format du garage, déjà, donne le ton. A côté, l’entrée passée, c’est l’escalier blanc en verre compressé poli brillant qui prend le relais avec ses reflets miroir du plus bel effet.
Une élancée de marches plus haut, le rez-de-chaussée supérieur, au sol identique à l’escalier, accueille à baies vitrées béantes... Sur la spacieuse cuisine ouverte, tout d’abord, avec son impressionnant îlot – une île plutôt ! – monobloc de plus de trois mètres de long (310 x 120 centimètres) en granit d’Afrique nero assoluto (une pièce de 600 kilos), tout comme le plan de travail voisin.
Ligne visuelle et ligne de conduite :
Architecte de cet objet quasi immaculé, Stéfano Cittolin , du bureau Cittolin Polli & Associés, à Martigny (VS), se fait guide : «Cette maison a été pensée pour avoir des espaces communs généreux – à l’image de la double hauteur du séjour – qui dialoguent avec l’extérieur. »
Sans bégaiement, dans une douce fluidité, faudrait-il préciser. Sur ce niveau, qui abrite aussi une chambre d’amis avec salle d’eau attenante, se déploie, au-delà de la cuisine, un vaste volume recevant ici la salle à manger, là le fameux salon à double hauteur de plafond, rehaussés, comme la plupart des pièces, de meubles en MDF laqué blanc dessinés par notre interlocuteur.
Plus loin encore, légèrement séparé du living par un rideau de fils qui fait danser la transparence, un bureau s’ouvre – seule pièce à le faire -, entre autres, sur le sud.
Proche, une salle home cinéma aux murs brun foncé ornés d’une paire d’appliques
Ligne Roset Louis 5d en plexiglas façon chandelier du XVIIème siècle complète encore l’inventaire.
Pleinement offerte à la nature grâce à un « mur » de verre de quinze mètres de long s’étirant du sol au plafond dans ses cadres coulissants en aluminium éloxé, la plus grande partie de ces volumes à la rencontre et partage prolonge sa convivialité dehors, sue la piscine et le jardin, via des passages sans seuils. L’ensemble, très graphique, mais surtout très symétriques, en termes spatial comme de mobilier, imperceptiblement rythmé sur neuf trames de 170 centimètres chacune, apporte, selon le dessein de Stefano Cittolin, « à la fois une ligne visuelle et une ligne de conduite, par la répétition constante de lignes de références. »
Piscine « vivante » :
Conçu pour un couple et ses trois – Jeunes – Enfants, avec sa parcelle de 1100 mètres carrés, ce parallélépipède de 220 mètres carrés habitables s’articule en « L » dans l’axe de la vallée de Rhône. Son concepteur explique : « La maison est implantée de manière particulière par rapport à l’environnement bâti, parce que l’orientation à l’ouest a été privilégiée, en raison de la configuration de la parcelle et pour avoir un espace extérieur qui soit le plus profond possible, soit vingt-cinq mètres ; trente, même, depuis le salon. »
Volontairement proche de l’espace habité parce que « vivante et devant rester en contact avec l’intérieur », la piscine en béton brut de dix mètres sur 3.8 mètres, pour une profondeur constante de 1.5 mètres, « n’est pas seulement là pour des loisirs attendus, pour se baigner , mais aussi en tant que plan d’eau faisant partie des aménagements extérieurs, voire de l’ensemble de la composition, parce qu’en très bon dialogue avec la baie vitrée », relève l’architecte. A noter que son eau, comme celledes sanitaires, est chauffée par l’intermédiaire de panneaux solaires posés sur le toit, en complément à la pompe à chaleur à sondes géothermiques.
Stores et Voilure :
Toute de béton doublé d’une isolation périphérique crépi peint en blanc, le bâtisse est entièrement habillée de cette tonalité, comme le souligne notre accompagnateur : « Il était souhaité une finition des parois, des murs et des sols de couleur blanche, parce qu’elle fait ressortir le mobilier la décoration et les éléments ponctuels comme la cheminée (au manteau d’acier brut qui évoque un tableau abstrait, ndlr) ; et puis, c’est aussi la couleur qui réfléchit la lumière. »
En guise de protection solaire, justement, un élément architectural original se détache de l’enveloppe, à 120 centimètres de la façade, sous la forme d’un cadre en acier délimitant dix-huit mètres carrés de stores jouant avec le jour sur (télé) commande domotique, à l’instar du système de renouvèlement d’air pulsé fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Voile » qui, déployée à la construction des allures de grand vaisseau immobile. Autre atténuateur de luxe, percé d’une ouverture circulaire laissant passer un arbre, un couvert extérieur de septante mètres carrés orienté sud crée une confortable zone d’ombre dans le jardin tout en produisant d’illusion de faire partie de l’habitation proprement dite.